Darknet
La transparence absolue : nouvelle tyranie ? Un darknet est un réseau à part, qui se superpose généralement à un réseau existant, tout en utilisant des protocoles spéciaux qui intègrent des fonctions d’anonymisation, à l’exemple du fameux Tor. Ce type de réseau appartient donc à la nébuleuse Deep_Web (Web profond) que certains appellent aussi DarkWeb, soit toutes les adresses et les contenus non référencés par les moteurs de recherche classiques ( Google, BING, Qwant, Ecosia, etc.) La finalité d’un darknet est donc bien d’échapper à la surveillance, légale ou non, en utilisant des moyens informatiques spécifiques développés dans cette optique. En effet, à la différence d’autres réseaux fondés sur le partage Peer-to-Peer, l’adresse IP des utilisateurs est masquée, ce qui assure un meilleur anonymat, même s’il n’est pas absolu pour autant… L’origine de ces réseaux est assez ancienne, puisqu’elle remonte en 1971, aux origines d’internet, quand ce dernier se nommait encore Arpanet. Le terme darknet désignait déjà des réseaux capables d’interagir avec Arpanet, mais qui demeuraient dans l’ombre, d’où leur nom… Historiquement, les darknets, souvent couplés avec Tor, furent utilisés par des groupes d’amis de confiance et/ou de dissidents, pour l’échange de fichiers et autres informations confidentielles, ce qui leur vaut parfois l’appellation moins ténébreuse de F2F (friend to friend).
D’autres usages ont aussi vu le jour, comme le célèbre Freenet de Philipp Zimmerman, le non moins célèbre créateur de PGP. Là encore, il s’agit de protéger sa vie privée (et dans certains pays, sa vie tout court !) mais à la différence des F2F, réservés à des groupes d’initiés, Freenet est ouvert à tous et constitue un véritable écosystème visant à préserver l’anonymat. Sans oublier qu’actuellement, le darknet fait couler beaucoup d’encre, car il est utilisé pour nombre de trafics aussi sordides qu’illégaux, sans qu’il soit possible d’évaluer exactement le part que ces usages représentent dans le volume total des échanges. En conclusion, on entend beaucoup de rumeurs (parfois fondées) sur les réseaux darknet ; certains souhaitent leur disparition au motif qu’ils peuvent être utilisés, anonymement, par des pirates et autres cybercriminels, voire pire encore… Pourtant, par hypothèse, votre chambre à coucher aussi pourrait être utilisée pour fomenter un complot, commettre un crime ; mais seriez-vous prêt à la rendre transparente pour autant ? Il en est ainsi de la vie privée, sur internet ou ailleurs : l’éradiquer, par défaut, au profit d’un illusoire concept de transparence absolue est aussi liberticide que dangereux.