NFT
Un exemple d’art numérique. (Crédit Kamran Abdullayev, Unsplash.) NFT (Non Fungible Token) ou encore jeton non fongible, sous cet acronyme abscons se cache une licence d’utilisation exclusive, un nouveau produit numérique issu de la blockchain, un peu à l’image du jeton de valeur qui est l’hôte des cryptomonnaies. D’un point de vue artistique, un NFT se présente comme une œuvre digitale unique dont la licence est protégée par un cryptage généré et stocké dans une blockchain. Partant de là, un acquéreur « achetant » cette œuvre pourra en disposer selon les termes prévus dans le « smart contract » qui accompagne le NFT, que l’on peut voir comme une licence d’utilisation : habituellement, en tant qu’usager exclusif, l’acquéreur pourra la collectionner, la diffuser où bon lui semble, monnayer sa vue ou son usage, voire la copier à l’infini tout en sachant que seule l’œuvre originale qui est protégée par le NFT est l’unique, « la vraie », d’où la notion de non fongible, qui ne peut être remplacé… D’un point de vue technique, le NFT est un cryptoactif qui repose sur une blockchain( Ethereum, Bitcoin, Solana, etc.) soit une gigantesque base de données cryptée et décentralisée, quasiment infalsifiable, principe sur lequel sont basées toutes les cryptomonnaies actuelles. Dès lors, les critiques qui sont faites aux NFT sont en partie les mêmes que celles adressées à la planète crypto : la blockchain, qui est la base de tous ces produits, est pour l’instant très énergivore, et sa décentralisation échappe partiellement au contrôle des États, pour le dire en fort résumé, ce qui ne plait pas à tout le monde… Pourtant, les récents NFT, pour immature que soit leur technique dont la pérennité n’est pas assurée, explosent dans de nombreux domaines, dont l’art numérique (cyberart) et le jeu vidéo, y compris le métavers, sans oublier le cinéma, qui commence à s’intéresser aux NFT, comme si toute la planète numérique flairait un nouveau filon ! Nouveau filon, certes, mais pour combien de temps ? Les blockchains, du moins celles usitées par la majorité des NFT, sont menacées d’interdiction par de nombreux États, dont certains comme la Chine sont déjà passés à l’acte. Son bilan carbone est très élevé, du moins dans sa déclinaison « proof of work » dure, qui nécessite des calculs permanents de millions de microprocesseurs disséminés dans le monde, ce qui permet l’édification des cryptomonnaies, des NFT, et de tous les cryptoactifs dérivés… La survie des NFT semble donc liée à l’évolution de la blockchain, notamment à l’amélioration de son efficacité énergétique ; sinon, gageons que les investisseurs en cyberart qui auront dépensé des fortunes pour l’acquisition d’une cyberoeuvre (Beeple, 64 millions $ chez Christie’s, par exemple) et qui se retrouveront avec une « simple » image JPEG ou une vidéo identique à toutes les autres copies existantes pourront méditer sur la beauté de l’éphémère, fût-il numérique !