Quantified self
Le quantified self : tout mesurer tout le temps ? Le quantified self est une pratique récente qui consiste à mesurer soi-même tout ce qui peut l’être, de préférence sur son propre corps ! Cette tendance est facilitée par l’arrivée sur le marché des IoT, la vague annoncée des objets connectés, dont beaucoup intègrent des capteurs et des fonctions servant à mesurer le corps humain, quand ils ne sont pas expressément conçus pour cela… Concrètement, pour s’adonner au quantified self il faut des capteurs sophistiqués, un centre de contrôle pour mémoriser voire traiter les informations récoltées, et des applications pour lire le tout… Bref, il faut un smartphone ! C’est donc lui le centre névralgique du quantified self : connecté au monde par internet, doté de ses propres capteurs (caméra, GPS, gyroscope, accéléromètre, micro, lidar) et muni des applications idoines, il mesure la distance parcourue, le nombre de pas, les calories consommées, pour les modèles les plus simples. Pourtant, il est possible d’aller beaucoup plus loin en se procurant d’autres objets connectés conçus pour vous accompagner là où vous allez, y compris dans votre lit ! Ainsi, un bracelet ou une montre connectée afficheront température du corps, fréquence cardiaque, pression artérielle, saturométrie (taux d’oxygène dans le sang) notamment. D’autres capteurs, à placer sur votre matelas, mesureront la durée et la qualité de votre sommeil, celle de l’air respiré, et enverront le tout à votre smartphone, voire à votre médecin… Et à l’avenir, de nombreux objets connectés s’allieront pour affiner ces mesures, comme le pèse-personne qui définira votre niveau de graisse corporelle en faisant circuler un courant de faible intensité dans votre corps, ou encore le frigo qui comptabilisera ce que vous lui avez soustrait… et à quelle heure ! La quantified self est donc le futur Big-Data du corps. Avec lui, c’est une avalanche de données qui vous concernent au plus près qui va envahir votre quotidien : ai-je vraiment bien dormi ? Suffisamment couru ? Mangé correctement ? Mon rythme cardiaque est-il dans la norme, comme ma pression artérielle ? L’étaient-ils aussi quand je… avec (…) ? Se mesurer soi-même peut être utile ; intéressant, même, à condition de ne pas être hypocondriaque ! Mais deux questions essentielles demeurent : les données captées sont-elles fiables ? Vérification faite, pas toujours… Et puis, quelle confidentialité pour ces données, éminemment personnelles, dont certaines seront transmises en ligne pour être comparées aux résultats d’autres personnes ? Imaginons un monde où ceux qui en ont les moyens auraient un oeil permanent sur ces données (et beaucoup d’autres, issues du Big-Data classique) et en fonction de ce qu’elles révèlent, décideraient ou pas d’accorder un appartement, un contrat d’assurance, de travail, un permis de conduire voire un traitement médical… En définitive, le progrès technique, en particulier informatique, peut avoir de multiples usages bénéfiques et d’autres qui le sont moins : prenons-y garde tant que c’est encore possible !