Tor
La page d’accueil de Tor, the onion router (crédit Tor project) Tor, The Onion Router en anglais, soit le routage en oignon, est un logiciel libre capable de transmettre de manière anonyme et cryptée, des flux de données sur internet. C’est aussi une large infrastructure mondiale, mise à disposition par des bénévoles, de serveurs dédiés qui forment un réseau informatique décentralisé capable d’une grande discrétion puisqu’ils n’enregistrent pas l’adresse IP d’une requête. Initialement développé par l’United State Naval Research Laboratory et la DARPA, une agence américaine étroitement liée aux progrès techniques pouvant intéresser l’armée américaine, déjà impliquée (entre beaucoup d’autres) sur le projet Arpanet, le précurseur d’ internet, le routage en onion fut récupéré par la société civile comme internet avant lui ! Ainsi, le projet Tor part du principe que la vie privée de l’internaute est gravement menacée et s’emploie à restituer un peu d’anonymat à ceux qui le souhaitent, quitte détourner une technique inventée dans un tout autre contexte… Pour réaliser ce tour de force, Tor s’appuie sur un réseau mondial de routeurs, disposés en couches, dont l’organisation rappelle les rangs d’oignons… Cette organisation tant logicielle que matérielle (l’installation d’un logiciel ou d’un plug-in est indispensable) vise à anonymiser les flux TCP du protocole TCP/IP, et ainsi à rendre plus difficiles des repérages d’adresse IP et partant, de votre identité et localisation. En fort résumé, techniquement, Tor fait rebondir les données cryptées sur différents routeurs situés partout dans le monde en créant un circuit aléatoire très difficile à remonter. Pour autant, si le projet Tor améliore grandement la sécurité des échanges, il n’est pas infaillible et des problèmes subsistent comme la gestion des paquets UDP et certaines requêtes aux serveurs DNS. Pourtant, malgré ses imperfections, Tor est devenu la porte d’entrée du Darkweb, cet internet profond, invisible aux moteurs de recherche classiques, où tous les sites portent l’extension .onion, signant leur appartenance au monde caché de Tor, pour le meilleur et pour le pire… En effet, le darkweb fourmille de contenus choquants (trafics illégaux en tous genres, parfois très sordides) mais aussi de perles d’archivage historiques comme des banques de données inconnues du grand public, ou encore le très célèbre site des lanceurs d’alerte Wikileaks, en passant par des forums d’opposants à des pays totalitaires qui censurent l’internet classique, et donc toutes formes d’expression libre là où l’indépendance de la presse n’est qu’un voeu pieux qui ne met pas à l’abri de l’emprisonnement, de la torture, voire des disparitions subites !
Enfin, pour tous ceux qui l’utilisent dans un contexte de risque élevé, il est bon de se rappeler que Tor présente encore des failles qui peuvent être exploitées par des spécialistes, et notamment par les services de renseignements gouvernementaux. Pour améliorer encore un niveau de sécurité déjà élevé, il peut être conseillé de lui adjoindre un VPN, mais même ainsi, le projet Tor ne garantit pas, contrairement à ce qui est parfois écrit, un anonymat absolu sur internet, sans oublier que sa technique sécurisée induit de forts ralentissements dans la navigation…
Malgré tout, le projet Tor offre à tous les internautes déterminés la possibilité de retrouver un peu de liberté, une bouffée d’air pur sur un web de plus en plus pollué par le traçage permanent, voire l’espionnage direct, et rien que pour cela, saluons son existence !