Cloud
Le cloud concerne tous les aspects de notre vie numérique… Très à la mode actuellement, certains y voient même l’avenir global de l’informatique, le cloud, ou cloud computing, est un concept visant à déporter certains usages informatiques présents sur un ordinateur local, vers un espace poétiquement nommé le nuage qui est situé quelque part sur le réseau internet.
Deux catégories sont visées par ce déport avec, en premier lieu, les données. Le Cloud permet d’externaliser des documents, de s’affranchir de l’étape physique de leur conservation et de les synchroniser automatiquement avec plusieurs appareils (ordinateurs, smartphones, tablettes, notamment). Ensuite, les applications sont aussi de plus en plus concernées, typiquement la bureautique, mais aussi la CAO avec des produits phares comme ceux d’Adobe ou d’AutoDesk, et bien sûr les services SaaS dédiés aux entreprises. Là encore, plus de soucis de mise à jour, d’installation, ni d’accès depuis d’autres appareils ; vos applications sont toujours disponibles partout où un accès internet stable existe.
Après ces indéniables qualités, il convient de rester prudent face au cloud qui présente aussi des inconvénients majeurs : le plus problématique, l’absence totale de contrôle sur ses propres données, la matière informatique la plus vitale d’un utilisateur, et plus encore d’une entreprise. Souvent physiquement stockées dans un data-center situé à un endroit inconnu du légitime propriétaire des données (pour les Européens, généralement très éloigné) avec des garanties de confidentialité souvent sujettes à caution, comment récupérer ses précieux documents après une simple faillite, à l’arrêt total des serveurs du prestataire de services ? Comment faire valoir ses droits rapidement en cas de violation des règles avec un for juridique sur un autre continent ? Et quid d’une attaque d’envergure menée par un groupe de pirates informatiques sur des serveurs contenant les données de plusieurs dizaines de milliers de particuliers et d’entreprises ? Des exemples comme le piratage des comptes utilisateurs de Sony, du sulfureux site de rencontres extra-conjugales Ashley Madison, ou plus près de nous des données de 800.000 clients de Swisscom, sont là pour nous rappeler la protection toute relative des données confidentielles déposées sur le Net. Et la problématique n’est pas différente pour les applications : comment faire face à un arrêt impromptu des services pour un bureau d’architecture ou de conception 3D dont toutes les applications sont déportées en ligne ? Là encore, l’indépendance de l’outil de production primaire n’existe plus avec le Cloud, puisque le problème peut se situer à des milliers de kilomètres, sur les serveurs de l’éditeur du logiciel, voire n’importe où sur la ligne de communication… Actuellement, toutes ces objections (parmi d’autres) restent sans réponse claire autre que la légendaire méthode Coué… Cette situation floue, comme l’élémentaire principe de précaution, conseillent donc de résister aux sirènes d’une externalisation totale (au moins pour ses données sensibles) pour choisir un processus étagé, dont on conserve la maîtrise, et dont le Cloud ne serait qu’un avantageux troisième échelon délocalisé, à un endroit connu et pourquoi pas dans votre pays, avec un cloud régional, fut-ce au risque de débourser un peu plus ?
L’affaire du programme américain de surveillance planétaire Prism, comme les conditions générales opaques de nombreux services Cloud, sont là pour nous rappeler que nos données sont une matière aussi précieuse que convoitée. Dès lors, il ne fait aucun doute que les déposer dans un cloud facilite leur accès à des personnes non souhaitées, pour le moins : à méditer avant de céder à l’appel primal des bas coûts, si tentants : vous avez dit pot à miel ?