Starlink
Le retour d’un composant de Falcon 9 sur la barge Still Love You ! Un spectale encore plus impressionnant en vidéo… (Crédit Official SpaceX Photos) Flickr. Starlink, c’est par ce poétique et évocateur “lien des étoiles” que se nomme le plus ambitieux programme de communication par satellite jamais lancé autour de la terre, rien de moins ! Lancé en 2018 par la société SpaceX, le projet prévoit de placer en orbite terrestre basse (550 KM au-dessus de nos têtes, bientôt 350 KM) ) jusqu’à 42.000 (!) satellites de télécommunication afin que toute la terre, oui, toute, puisse profiter d’internet à haut débit, et ce quelque soit l’éloignement des infrastructures : en plein désert, sur une montagne, en bateau au milieu de l’atlantique, le lien des étoiles sera maintenu ! Science-fiction ? Même pas ! Au moment où nous écrivons ces lignes, plusieurs milliers de petits satellites de 260 kilos équipés d’un moteur ionique sont déjà en place et, mieux encore, opérationnels ! Sous bon nombre de latitudes, aux États-Unis et au Canada, mais aussi en Suisse et en France, notamment, la constellation produit déjà ses bienfaits numériques en autorisant des débits de 200 Mb/s en réception, et entre 30 et 40 Mb/s en émission. En termes de performances, la solution Starlink se place donc entre la 4G + et la 5G , mais ce n’est qu’un début, car le système, en phase de test, ambitionne d’atteindre les très hauts débits quand la constellation sera entièrement déployée. Si le projet est mené à son terme, il n’y aura plus une seule zone blanche sur la Terre. Tous ceux qui le désirent pourront accéder à l’internet à haut débit, partout, tout le temps, et, vu la proximité des satellites, les mauvaises conditions météorologiques ne seront pas ou peu pénalisantes. Techniquement, une parabole est nécessaire, mais pas n’importe laquelle. Il s’agit d’un modèle motorisé, qui se positionnera seul sur le meilleur signal, supprimant la fastidieuse et ultraprécise phase de pointage des antennes satellites classiques. Là encore, SpaceX fait mieux, différemment, et plus abordable. En Suisse, le pack comprenant l’antenne motorisée, un routeur Wi-Fi et 30 m de câble RJ45 coûte un peu moins de 500.00 CHF, et l’abonnement mensuel est aux alentours de 94.00 CHF. Pour ce prix, adieu les zones blanches ! Même dans l’arrière-pays, plus aucune ferme ne végètera avec des débits d’un autre âge, incompatibles avec l’informatique actuelle, péniblement transmis par une ligne en cuivre du siècle passé, ou par une communication satellite poussive (20 Mb/s) soumise à un quota de téléchargement mensuel. Bien sûr, l’offre est très récente, en phase bêta, ce qui occasionne parfois quelques coupures pour des recalibrages. De plus, tant que la constellation ne sera pas complète, les utilisateurs seront limités par zone géographique, pour ne pas dégrader la bande passante du nouveau réseau. Au chapitre des doléances, encore, certains astronomes se plaignent, car autant de satellites en orbite basse, même petits, peuvent contrarier leurs lointaines observations. Et qu’adviendra-t-il quand ces satellites prévus pour durer entre 5 et 6 ans arriveront en fin de vie ? Et bien ils seront remplacés, à raison de 60 par lancement, et les anciens modèles se désorbiteront pour se consumer dans l’atmosphère. À n’en pas douter, nous sommes dans une nouvelle ère spatiale et SpaceX en est le précurseur. À titre de comparaison, il a fallu plus de trente ans à l’Europe pour déployer son GPS Galileo composé de 36 satellites… Et la toute puissante NASA a toujours laissé, pendant des décennies, ses fusées hors de prix se consumer dans l’atmosphère alors qu’il suffisait d’imaginer les récupérer (et surtout à s’en donner les moyens !) pour, à terme, diviser par 10, voir par 20 et plus, le prix du lancement du kilogramme en orbite… Pour que le projet Starlink puisse voir le jour, il fallut, dès 2016, ces incroyables spectacles du retour automatique des fusées Falcon, puis Falcon Heavy, d’abord en pleine mer, sur une barge nommée “Off course, Still Love You” puis sur la terre ferme, pour rendre commercialement viable le déploiement d’un tel nombre de satellites. Et qui aurait envie d’appeler ainsi une barge dronisée de récupération de fusée spatiale ? Le même qui, à l’aide de ces fusées, à envoyé une Tesla roadster rouge cerise en février 2018 vers la planète Mars, et qui ambitionne très sérieusement de prendre le même chemin ; celui qui, avec Tesla toujours, a forcé le secteur de l’automobile tout entier à se réinventer, pour ne citer que ces deux hauts faits parmi beaucoup d’autres, il s’agit bien sûr d’Elon Musk ! Quoi que l’on puisse penser du personnage, sa vision, mais aussi sa méthode, basée sur une succession de prises de risques, d’essais et d’échecs (diffusés en direct sur internet, sans la moindre gêne) qui sont vécus comme autant de phases d’apprentissage, lui permettent d’éclater la concurrence des agences spatiales Étatiques, mais aussi des constructeurs automobiles, qui ronronnaient paisiblement en sortant un nouveau modèle tous les cinq ans, à peine différent du précédent… Avec Starlink et quelques panneaux solaires, l’informatique et internet, souvent indissociable, pourront atteindre les zones les plus reculées du monde. Même les populations défavorisées, loin de toute infrastructure, pourront se cotiser à l’échelle d’un village, d’une association, d’un micro crédit, pour enfin réduire la fracture numérique là où la fibre optique n’arrivera jamais, pas plus qu’un maillage 4 ou 5 G… Alors bravo SpaceX, bravo Elon, parce qu’ici bas, le vent du changement ne souffle pas si souvent !